1934 : Le derby en finale du championnat.
Une nouvelle génération porte le maillot ciel et blanc avec le même enthousiasme durant les années 30. Le leader d’attaque est le fameux Maurice Celhay. Pas moins de cinq bayonnais sont internationaux : L’ouvreur Edmond Elissalde, le talonneur Edouard Ainciart, les ailiers Maurice Celhay et Armand Vigneau et le troisième ligne René Arotça.
Afin d’accéder à la finale l’Aviron Bayonnais a dû sacrifier un sacré parcours du combattant. En phase de poule ils écartent : Nantes, Le Racing, Lourdes, Angoulême, Perpignan, Le SBUC et Le Boucau. Une seconde phase à trois les met en concurrence avec Toulouse (6-0) et le Stade Français (27-6). Pour terminer, l’Aviron Bayonnais affronte Toulon en demi-finale (victoire 12-6) alors que le Biarritz Olympique sort Narbonne (3-0).
En face se dresse donc le Biarritz Olympique avec autant d’internationaux pour un derby d’anthologie. La finale se joue à Toulouse le 13 Mai 1934 devant un stade comble (18 000 spectateurs). Il fait un après-midi de canicule pour disputer la rencontre aux multiples rebondissements.
Le BO supérieur devant, domine le début de rencontre et pousse les bayonnais à la faute. Le buteur biarrot Haget manque les deux pénalités accordées mais son pied permet de garder ses couleurs dans le camp d’en face. La forte chaleur entraine plusieurs pugilats ce qui oblige l’arbitre à exclure temporairement les deux talonneurs. Haget toujours à la manœuvre manque un drop mais cette fois la chance tournera. En effet sur la même action, son centre Guilhou ayant suivi l’action se jette sur le ballon dans l’en-but pour marquer un essai qu’Haget transforme (0-5) à la mi-temps.
Le BO a dominé les quarante premières minutes sans partage et l’AB doit absolument réagir au retour des vestiaires. La cavalerie bayonnaise lance l’assaut et attaque à tout va. Le BO, mis à la faute, concède une pénalité convertie par Elissalde (3-5). Le BO réagit immédiatement sur une percée du centre Guilhou qui n’a plus qu’à offrir le ballon à son ailier Cussac pour l’essai imparable (3-8). L’Aviron blessé dans son orgueil refuse la défaite. L’ailier Vigneau perfore la défense biarrote, fixe l’arrière du BO et sert son compère Celhay qui file à l’essai (6-8). Il reste dix minutes à jouer mais l’AB domine outrageusement le match. Celhay d’un maître drop rasant le poteau, donne l’avantage aux siens (10-8). Le BO termine complètement étouffé et subit la fougue bayonnaise. Arotça échappe à la vigilance de ses défenseurs et sert son pilier Dauga qui marque l’essai libérateur et victorieux en coin (13-8).
L’équipe championne de France 1934 :
Lespitau – Celhay – Zabaleta – Théodoly – Vigneau – Elissalde – Cunibert – Arotça – Garin – Brouzeng (Capitaine) – Lecha – Chirles – Dauga – Ainciart – Haitce (Entraîneurs : Eugène Lissalde – Harry Owen Röe)
Le retour sera triomphal en avant-goût des Fêtes de Bayonne apparues deux ans plus tôt en 1932.
La suite des années 30 verra un Aviron au jeu offensif disputer cinq phases éliminatoires consécutives sans jamais pouvoir accéder à la finale.
La Fédération met en place le Challenge Besset-Pothier récompensant le club ayant marqué le plus grand nombre d’essais en championnat. L’AB l’obtiendra définitivement après 5 trophées consécutifs de 1934 à 1938.
1936 : La victoire en Challenge Yves du Manoir.
Yves Frantz Loys Marie le Pelley du Manoir appelé plus couramment Yves du Manoir fut aviateur et international français de rugby, et est décédé à 23 ans. Très doué pour le rugby, il incorpore le Racing Club de France au poste de demi d’ouverture, l’équipe de France l’accueillant aussi rapidement. Le 2 janvier 1928, il prend son avion malgré un épais brouillard qui lui sera fatal, et s’écrasera à côté d’un passage à niveau. Sa grande classe et son talent manifesté lors de ses huit sélections nationales, donne lieu à la création d’une prestigieuse compétition portant son nom et basée sur la beauté du jeu. Elle ouvre en septembre 1931. En cette année 1936 l’Aviron Bayonnais aura l’honneur d’inscrire son nom au palmarès. Bayonne termine en tête de son groupe en battant le Stade Français (14-0) lors du match décisif. L’Aviron rencontre le vainqueur de l’autre groupe, Perpignan, en finale à Toulouse le dimanche 8 Mars 1936. L’AB mène à la mi-temps (5-0) grâce à ses avants dominateurs et au réalisme de ses attaquants Zabaleta, Celhay et Vigneau à la conclusion d’un essai. En seconde période Perpignan réduit la marque à (5-3). Les bayonnais grâce à Zabaleta enquillent le drop victorieux (9-3).
Le groupe Bayonnais :
Inthamoussou – Vigneau – Bergère – Zabaleta – Celhay – Cunibert – Elissalde – Arotça – Ladeuch – Davant – Brouzeng – Chirles – Ourquia – Ducout – Harcaut – Ainciart – Haitze
En championnat, l’Aviron Bayonnais parvient difficilement à vaincre Pau en quart de finale. Deux rencontres seront nécessaires (3-3) puis (8-6). Fatigué, l’Aviron succombera en demi-finale face à Montferrand (3-10). La finale 1936 sera politiquement emblématique, la France étant dirigée par le Front Populaire de gauche. Narbonne ville ouvrière s’impose (6-3) contre Montferrand, ville du capitaliste Michelin. Montferrand perd sa première finale, c’est le début d’une très longue série…
1939 : L’inauguration à Saint Léon.
L’inauguration officielle du Parc des sports de Saint Léon a lieu un lundi de Pentecôte, le 29 Mai 1939. Après Hardoy, le stade des XIII à Anglet St Jean, l’Aviron Bayonnais jouera enfin dans sa ville de Bayonne. La piste est terminée depuis 1935. Plus tard, suivent les autres installations, comme les tribunes, les terrains annexes ou encore les salles de réunion. Seul un autre club, l’Association Sportive Bayonnaise évoluait au Parc des Sport de St Léon, et cela depuis 4 ans. Plusieurs milliers de spectateurs, des notables, assistent au spectacle dont le point culminant est l’opposition entre une sélection régionale et une entente Aviron / ASB.
Les bayonnais l’emportent finalement (11-10).
Ce stade portera plus tard le nom d’un jeune espoir commençant déjà à faire des étincelles…