1910 : L’Aviron Champion de France de Deuxième Série.
Bayonne participe au Championnat de Guyenne et Gascogne seconde série, et termine en tête de son groupe. Agen (13-0), Pau (11-0), Libourne (15-8), Blaye (14-0) et Burdigala (11-3) subissent la loi bayonnaise. Ces excellents résultats lui permettent de se qualifier pour les phases finales du Championnat de France Deuxième Série. En huitième de finale, les corréziens de Brive s’inclinent (11-6). Le quart de finale face au redoutable AS Perpignan n’effraie pas le groupe bayonnais encore vainqueur (13-3), sur le terrain d’Auch. Niort son prochain rival en demi-finale, déclare forfait, permettant à l’AB d’atteindre la première finale de son histoire.
Le 17 avril au Parc des Princes à Paris, l’AB défie Évreux en lever de rideau de la grande finale du Championnat Élite opposant Lyon au SBUC. Le sort de la rencontre se jouera en première mi-temps, ponctuée par trois essais bayonnais et une transformation. Le score final (11-0) donne son premier titre au club ciel et blanc. La bande à Forgues et Russel reçoit un accueil triomphal en ville. Le maire de Bayonne Garat et le nouveau président Joseph Choribit peuvent féliciter leurs héros.
1911 : Un gallois à Bayonne.
L’écossais Russel parti, le club se met à la recherche d’un nouveau joueur britannique afin de bonifier son jeu. Le capitaine du Pays de Galles évoluant à Penarth, un certain Harry Owen Röe, accepte la proposition. Il devait rester une saison mais se plaisant tellement dans la ville, il y restera toute sa vie. Il instaure une nouvelle méthode basée sur la rapidité, l’élégance, l’attaque à outrance à la main. Ainsi nait le fameux jeu à la bayonnaise qui révolutionne le rugby et où tous les joueurs sont des trois-quarts.
L’AB crée un système différent et plus attrayant que les sempiternels coups de pied utilisés par les autres formations. Harry Owen Röe occupe les postes d’arrière, centre et ouvreur avec une efficacité identique. Son empreinte est indélébile sur le rugby bayonnais et son identité. Une rue de la ville portera même son nom.
1912 : Une amère défaite et une belle consolation.
Bayonne se qualifie pour les phases finales du Championnat de France après avoir dominé sa poule régionale : Biarritz Stade (15-0), Mauléon (45-3), Hendaye (28-0) et Pau (11-0). En seizièmes, Périgueux accroche l’AB (8-8) pour s’incliner (17-3) en match d’appui. En huitièmes, l’Aviron vient difficilement à bout de Cognac (6-5).
Le quart de finale contre Toulouse à Hardoy sera fatal (0-3). Devant 10 000 spectateurs en ce 3 mars, la défense toulousaine prend le pas sur les multiples offensives bayonnaises qui échouent de peu. Un coup-franc en seconde mi-temps donnera la victoire à Toulouse. Le Baron Pierre de Coubertin offre un challenge au club le plus méritant, à savoir l’AB pour son comportement exemplaire pendant la compétition.
1913 : Le premier titre de Champion de France.
Le jeu à la bayonnaise fait des ravages. l’AB écrase tous ses adversaires avec une facilité déconcertante. En phase de poule, Pau (15-3), Biarritz Stade (28-0), Mauléon (52-0) et Dax (23-3) subissent la loi de l’Aviron. Les phases finales seront une promenade de santé pour la bande à Harry Owen Röe. En huitièmes, Tarbes s’incline lourdement (21-0). Le quart face à Périgueux sera encore plus aisé (38-0). En demi-finale, les girondins du SBUC s’annoncent redoutables, mais l’attaque bayonnaise triomphe avec brio (9-0).
Le 20 avril à Colombes devant 20 000 spectateurs, l’AB affronte en finale le SCUF (Sporting Club Universitaire de France), club parisien archi favori avec ses 9 internationaux dont l’illustre Jules Cadenat. Leurs avants très athlétiques semblaient hors de portée des bayonnais.
Les parisiens démarrent fort alternant plusieurs attaques dangereuses mais sans pouvoir concrétiser. L’Aviron refait surface avec son capitaine Jules Forgues qui inaugure la marque par un essai que Röe transforme (5-0).
Les parisiens déboussolés subissent et sont perdus face à la mobilité des bayonnais, cavalant dans tous les endroits du terrain. Le bayonnais Elissalde à l’affût plonge sur le ballon dans l’en-but suite à un coup de pied à suivre. Röe transforme juste avant la mi-temps pour mener plus nettement (10-0).
Au retour des vestiaires, Jules Cadenat mène la révolte de ses troupes mais rien n’y fait contre ces bayonnais insaisissables. Une nouvelle attaque balaie le terrain pour terminer sur l’ailier Labaste à la conclusion (13-0).
Le SCUF réagit suite à un petit relâchement bayonnais coupable, par Theuriet qui à la conclusion d’une belle attaque (13-3).
La suite sera un récital offensif bayonnais orchestré par le génial gallois Röe. l’AB assommera son adversaire par 4 essais consécutifs ! (31-3).
En toute fin de rencontre, un essai transformé parisien viendra rendre la note moins salée pour un score finale de 31 à 8 pour l’AB. La foule portera les vainqueurs en triomphe.
Les 15 champions :
Jules Forgues, Jean Domercq, Fernand Forgues, Eugène Elissalde, Paulin Bascou, Achille Fortis, Emmanuel Iguinitz, Armand Vigneau, Maurice Hedembaigt, Harry Owen Röe, Jean-Bernard Forgues, Jean-François Poeydebasque, Fouillassart, Victor Labaste et Félix Lasserre.
1914 : Le duel perdu contre Perpignan.
L’équipe bayonnaise Championne de France est la grande favorite pour le titre, avec les catalans de l’AS Perpignan comme principal concurrent. Deux groupes sont constitués, le premier de chacun d’entre eux jouant la finale. L’AB jouera contre Le Havre, Perpignan et Toulouse.
A Hardoy le 8 mars, devant 7 000 spectateurs, Bayonne triomphe contre Perpignan lui ouvrant la voie royale vers la finale. Reste à vaincre Toulouse largement à leur portée, malheureusement à la surprise générale les bayonnais s’inclinent (3-5). Un match de barrage doit donc départager les deux leaders Bayonne et Perpignan, qui s’opposent le 29 mars. L’intensité est phénoménale, les deux équipes se quittent sur un score de parité (6-6). La presse de l’époque qualifie de Match ROI la confrontation entre les deux plus belles formations du championnat. A Hardoy le 5 avril, un nouveau barrage est organisé, mais cette fois les catalans s’imposent (3-0). L’AS Perpignan se qualifie pour la finale pour y vaincre Tarbes (8-7).
1919 : La Coupe de l’Espérance.
La première guerre mondiale met fin à cette hégémonie grandissante. En effet, un tiers de l’effectif soit 7 joueurs, succombe au combat et un huitième, Labaste, revient mutilé. Fin 1918, le conflit venant à son terme, la Fédération organise un championnat appelé Coupe de l’Espérance. l’AB forme un nouveau groupe comprenant parmi eux les survivants champions en 1913. Son parcours est héroïque avec 26 victoires et 1 seul match nul.
En quart, pour le début des phases finales, le SNUC Nantais se fait étriller (24-0).
En demi-finale, sur la pelouse d’Hardoy, le BEC Bordeaux résiste à peine mieux (13-0).
Tarbes se présente en finale déjà vaincu en match de poule (8-0).
Le Bouscat reçoit les deux prétendants pour une rencontre tendue. Bayonne s’incline (3-4), pour ce qui sera son unique défaite de la saison. Le drop marqué par les tarbais valant plus que le but bayonnais de Röe, les bigourdans gagnent la partie. La belle ligne bayonnaise de trois-quarts, muette et maladroite, n’a pu cette fois réaliser les exploits habituels face à une défense de fer.
L’équipe II de l’Aviron parviendra au titre de Champion de France en battant Tarbes à Hardoy (9-0).